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 "Champ d'echange d'âme"
Possédé.e.s,MO.CO,Panacée/2020

De sa famille, de son origine franco-équatorienne et de ses traditions, Nicolas Aguirre tire sa sensibilité à l’art, son respect et sa croyance dans le chamanisme. Des rituels précèdent l’installation de ses œuvres, notamment celui de brûler le Palo Santo pour dégager les arômes magiques du bois, remercier et « purifier » l’espace d’exposition. Le bois et l’allumette restent d’ailleurs dans l’espace, comme souvenir du rituel.

De ses études d’art, il tire (évidemment) ses connaissances, la maitrise de différentes techniques, dont celle de la gravure, son plaisir pour l’installa- tion, de belles rencontres et l’intelligence collective comme manière de travailler. Il crée des protocoles d’installation et s’entoure en permanence d’artisans, ici par exemple un tisserand turc pour créer un kilim dont le motif est une orchidée, symbole de perfection, de sagesse et de pureté spirituelle.

De ses rêves, Nicolas Aguirre tire ses œuvres. La dernière en date : Échange d’âme.

Cette œuvre est le troisième acte dans le grand opéra sur l’âme que l’artiste est en train d’orchestrer, passant d’un médium à l’autre, poussant à chaque fois sa réflexion sur la matérialisation de l’âme, comme une rumeur sacrée qui se répand tout en se transformant.

Le premier acte de cet opéra est une performance. Poker d’âmes date de 2018. Les joueurs étaient invités à parier leur âme. Le jeu était perturbé par la présence d’un Diablo Huma, perturbateur physique et des âmes qui distrayait les joueurs pour les faire perdre.

Le deuxième acte est sa rencontre avec un avocat pour la rédaction d’un contrat d’échange d’âme puis la signature, pour l’instant avec 7 artistes ou personnes qui comptent pour lui, qui, en échange de celle-ci, envoient un objet important pour elles, symbolisant la partie échangée de l’âme.

En scène, acte trois : Echange d’âme, œuvre composée à la fois d’une installation et d’une performance.

Pour la performance de 21 minutes, un chanteur lyrique se réapproprie divers chants sacrés et interprète un extrait de l’opéra Robert le Diable4, histoire d’un enfant né de la rencontre entre une mortelle et un démon et qui cherche la rédemption par l’amour en triomphant de ses démons intérieurs héréditaires.

L’installation, quant à elle, présente les morceaux d’âme matérialisés présentés comme des offrandes sur des socles en cuivre. De ci de là s’aper- çoivent les restes des deux premiers actes : dans les tiroirs du bureau Louis XVI, des jetons de poker et les contrats.

L’espace d’exposition est un purgatoire dans lequel les âmes font face à une obole lumineuse et dans lequel le chanteur lyrique se transforme en passeur entre deux mondes.

Le prochain acte sera d’aller effectuer des fouilles, à la recherche des âmes et créer une archéologie du vide.

Text par Caroline Chabrand

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